lundi 30 décembre 2013

Le billet de la maman #1

De belles gens, du stress, des rencontres, du soulagement 

Certaines villes sont difficiles à visiter pour la maman affublée de son petit dernier pas toujours dans de bonnes dispositions pour l'accompagner. Ce fût le cas à Venise (heureusement que je connaissais, et que, 20 ans après, les gondoliers avaient à peine vieilli !..), et rebelote pour Sarajevo. A part la traversée en bateau ou le voyage en vieux tramway qui l'ont laissé coi, Téotime a réclamé de rentrer pendant toute la durée de la balade. 
Mais pour ceux qui le connaissent, à la manière très insistante au point de me faire rentrer avant tout le monde bien sûr, et oui il a du pouvoir ce petit ! Il faut dire qu'à Sarajevo avec l'arrivée de la neige il a fait particulièrement froid. Nous avons quand même profité de quelques escapades dans la vieille ville, très typique avec toutes ses échoppes en bois. 

Capture de pigeon dans le centre de Sarajevo

1ère neige 

Notre départ de la capitale bosnienne a été épique sous la neige, puisque nous avons été priés de redescendre par 2 policiers postés juste avant la première grande montée, car nous n'étions pas encore équipés de chaînes. L'un d'eux était totalement opposé à ce qu'on passe pour notre sécurité avant tout, mais l'autre a tenté maintes fois de nous corrompre en nous proposant de lui verser un back-chiche (de moins en moins élevé à chaque proposition pour les 3 véhicules), en disant qu'on allait passer sans problème. 

1ère glissade 

Au final, rien que la redescente vers Sarajevo a été épique, à 10 km / h avec un bus qui a glissé plusieurs fois. 1ère frayeur qui commence à me faire penser que ce voyage est aussi une épreuve... Le lendemain nous étions tous équipés de chaînes, prêts à repartir. Ce fût le début du stress pré-supposé sur la route vers la Grèce. Lemos (près des lacs de Prespa) semble si loin, avec plusieurs cols à traverser, et beaucoup de paramètres inconnus … (le temps, l'état de la route, l'état à venir de nos véhicules, etc .).
En contrepartie la générosité des bosniens a continué à se faire sentir pour nous ce jour là : nous nous sommes arrêtés pour 2 nuits sur un parking juste devant un hôtel à Ilidza (tout au bout de la ligne de tramway de Sarajevo, pas très loin de l'aéroport). L'accueil que nous a réservé la gérante a été formidable, elle a pris les enfants sous son aile en proposant de les garder à certains moments, leur offrant des petits déjeuners copieux et leur préparant des sandwichs pour la route au moment du départ. 
Entre temps, elle s'est occupée pendant toute la matinée de nous trouver des chaînes (celles de la taille du bus ne se faisant pas en Bosnie, cela a pris du temps), puis un ami de son serveur m'a amenée avec elle au dépôt d'Eurolines où les chaînes pour les 3 véhicules m'attendaient. Et en même temps, elle s'est également intéressée à ce qu'on faisait et m'a tout de suite dit que ça l'intéressait pour l'hôtel… Téotime a du mal à repartir d'ici. 




1er bruit suspect 

Le lendemain, bien équipés, nous voilà repartis (par le sud cette fois-ci) sur une route très belle, bien ensoleillée et avec très peu de restes de neiges ; le stress retombe… Pas pour longtemps ! Un petit « clac » commence à se faire entendre au niveau de la roue avant gauche. Au début nous croyons que c'est de la neige qui s'est accumulée sur l'arbre de roue ; mais après avoir tout enlevé, le bruit continue et s'amplifie. 
Je suis contrainte de ralentir tout le convoi, 25 km/h jusqu'au prochain garage ; verdict en allemand (maintenant je sais pourquoi j'ai appris l'allemand en première langue, je ne l'ai jamais parlé mais je le comprends et beaucoup de serbes parlent allemand !) : ce sont les boulons qui se dévissaient (je sais Hervé, je ne les ai pas assez contrôlés, et ce n'est pas faute de l'avoir fait et refait dans les vérifications avec toi !).

Edgar fait des siennes 

Le soir, nous dormons sur un parking près d'un garage (c'est bizarre comme au feeling ça tombe souvent comme ça !..) mais finalement ce n'est pas grâce au garagiste qu'on a pu démarrer Edgar… qui de nouveau veut qu'on s'occupe de lui... Lorsque je vais le chercher, il me répond qu'il ne répare que des voitures (il ne remarque pas qu'Edgar est un véhicule léger, franchement pour un garagiste !…) Mais Edgar continue à faire la sourde oreille, et même il ne dit plus rien ; il faut faire quelque chose ! Les chauffeurs poids lourds s'y connaissent bien en mécanique (si si, à part moi!), je pars donc avec Téotime sous le bras (ben oui même si j'ai dit un peu plus haut qu'il avait du pouvoir dans le mauvais sens sur moi, il en a aussi dans le bon sens pour nous tous ; il est un bon alibi dans certaines circonstances ! Et dans ce voyage à l'Est il ne faut négliger aucun avantage).
Nous voilà donc revenir sur le parking dans un petit bus Eurolines (décidément la compagnie nous accompagne !) dont le chauffeur parle très bien français et est un ancien mécanicien. Coup de bol ? En tous cas c'est la première fois, après avoir posé la question habituelle « Parlez-vous anglais ? Allemand ? » que quelqu'un me répond « français ». Ah bon. Cool. Il passe la matinée à négocier avec Edgar et sur les coups de midi nous voilà repartis… 

Nouvel arrêt garage ! Et oui, certains l'auront bien deviné, pas pour longtemps. A partir de ce moment là Edgar a abdiqué sur les démarrages (une vraie panne de démarreur), c'est son copain Iveco qui se charge de le tracter ; et le bus commence à faire des embardées très impressionnantes. Re-stress (ça faisait longtemps, mais finalement la dose totale est supérieure à celle prescrite pour un tel voyage…). Je réduis de nouveau la vitesse de tout le monde et nous nous traînons donc à 50 km/h jusqu'à Skopje où nous trouvons tout de suite un garage poids lourds. Cette fois-ci c'est pour 3 jours. 
Edgar redémarre dès le lendemain avec son démarreur tout neuf (ou presque) mais pour le bus c'est plus grave, il y a une lame d'amortisseur qui est cassée. Et il y a tellement de corrosion autour de cette zone que le mécanicien ne sais pas où pourrait s'arrêter le démontage et les réparations. Comprenant mon désarroi et l'importance de réparer à moindre frais, le chef d'atelier me promet d'essayer de trouver une solution le lendemain. Il réussit à dégoter le garage le plus planqué de Skopje, spécialisé dans la réparation de lames ; incroyable ! Il faudra 2 jours pour changer la lame, à moindre frais et avec en option le chef d'atelier qui gâte les enfants pendant tout ce temps, qui nous réserve une chambre dans le centre et nous y conduit pour la nuit où nous n'avons plus le bus, et qui regrette le lendemain de ne pouvoir m'accompagner rechercher le bus parce qu'il est débordé dans son garage (ah bon?). 
Avant de repartir toute l'équipe nous demande si on est sûr de vouloir partir juste avant la nuit, si on ne veut pas un car wash du bus, et nous demande comment ils vont faire sans nous ici parce qu'on a créé une ambiance particulière dans le garage et que ça va leur manquer… 

Générosité macédonienne

Ah oui, le chef d'atelier m'a aussi demandé si en France un Macédonien aurait trouvé autant d'aide dans ses démarches pour réparer son véhicule… Et il m'a aussi demandé si 30 € pour la journée passée sur mon bus pour toutes les petites choses qui avaient été faites dans son garage le premier jour, ce n'était pas trop pour moi… Vive la générosité macédonienne !!! 

Encore une fois, Téotime ne veut pas repartir de cet endroit. Il faut dire qu'il a été pris à contribution dès le début pour tout : passer le karcher, conduire un camion, lustrer une voiture… Il s'est fait un grand copain (Racho) qui l'a lui aussi beaucoup gâté (ballon, bonbons, etc.). Question générosité dans ce pays, ce n'est que le début… 
Mais cela fera l'objet d'un autre billet, spécial traversée de la Macédoine, pays qui vaut vraiment le détour et que nous ne quittons pas facilement... 

 

La minute d'école 

Pour terminer ce petit (long) billet de maman (et conductrice, puisqu'il en aura ici été question), je n'oublie pas de mentionner l'école, qui a tout de même une belle place dans notre voyage. Pour assurer le programme de CM1 d'Anatole, il faut être assidu. C'est un travail de longue haleine ; nous avons reçu les cours très tard, après trois semaines d'attente à Banja Luka. Du coup, pas tellement le temps de prendre des week-ends ou des vacances… Le programme est chargé et il faut assurer ! C'est du temps quotidien pour Anatole, et pour la maman tout autant de temps de préparation et d'accompagnement… Nous trouvons peu à peu notre nouveau rythme de voyage qui inclut l'école au quotidien, au grand désarroi d'Anatole qui se plaint souvent de «rater » des balades avec le reste de l'équipe ; il a l'impression de passer à côté de plein de choses…

En conclusion 

Eh bien, c'est une évidence, on avance on avance... Parfois on ne sait repartir d'un endroit, parfois on ne le peut, parfois on ne le veut... Mais on finit toujours par y arriver !.. Halloween en Slovénie, noël au nord de la Grèce, nouvel an à Athènes !!! Mais où serons nous à Pâques ? Bien sûr, vous le saurez en continuant à suivre nos aventures sur notre blog. Alors, en route pour de nouvelles aventures, et à tous : de belles fêtes de fin d'année avec votre âme d'enfant...

dimanche 1 décembre 2013

Le billet des grands #3 - Banja Luka

Nouveau lieu, nouvelle aventure..


Le vendredi 15 Novembre, après un départ épique de Gradiska..
Et oui Edgar a voulu se faire entendre, prouver qu'il était bien là : certes un peu fatigué, nous pouvons même dire la batterie à plat !
Cependant une fois branché à son pote Iveco le voilà, rugissant et rechargé au max, prêt à affronter les milliers de futurs kilomètres qui nous attendent.
Il avait de toutes évidences envie que l'on s'occupe de lui.

Nous revoici donc sur la route, mais pour peu de temps cette fois-ci. Et la route, nous la connaissons bien. Elle nous mène vers Banja Luka, où nous avions rencontré Bérengère et Milica dix jours avant au Centre Culturel Français. 

Ce que nos yeux vous en disent :


Nous nous dirigeons plus vers le sud de la ville, dans un quartier musulman où les empreintes de la guerre restent présentes et perceptibles.
Pendant le conflit, les habitants ont dû fuir et des dizaines de maisons sont là abandonnées, en friches.
Certaines partiellement détruites, d'autres réinvesties par une inhabituelle résidente : la nature. Arbres, fleurs, ronces se sont nichés là au cœur de ces anciens foyers.

Le quartier est traversé par une rivière, la Vrbas, c'est là sur sa rive droite que nous sommes posés. Dans le jardin du « Slap restauran », slap veut dire cascade. Effectivement, en contre-bas du jardin sur la rivière s'est formé un barrage naturel qui donne de petits rapides avec un effet de cascade.
C'est dans ce décor que nous posons donc les bagages, le convoi et la yourte.

 

Place au spectacle,


Le dimanche, une centaine de spectateurs viennent découvrir la fée des gouttes.
Chouette moment d'échange, les gens nous déposent des petits paquets avec des confitures, jus de fruits, conserves, liqueurs locales..
Nous sommes ravis notre concept «culture contre nourriture» prend forme.

A la suite des représentations le propriétaire du restau, nous invite à goûter une spécialité de Banja Luka : le « Cevap »
C'est une sorte de sandwich avec du pain rond et de la viande hachée au milieu. Le petit «truc» est que le pain cuit dans le jus de la viande grillée le tout accompagné d'oignons crus.

Le lundi, nous le choisissons off.


Occasion d'aller arpenter les rues de la deuxième plus grande ville du pays.
Un joli soleil nous accompagne tout au long de la journée.
Banja Luka brille, les rues sont grouillantes de monde, tout s'active.
On ne peut pas dire qu'il y ai une architecture propre à la ville, du fait de son Histoire. Occupée par différentes administrations au fil des ans – Turque, Austro-Hongroise, Serbe, Croate, Slovène..- plusieurs styles y sont présents.
Dire que l'on croise un lieu de culte à chaque coins de rue serait exagéré mais on n'en est pas loin. Le plus impressionnant est un temple Orthodoxe, refait à neuf en 2009.
Étincelant la journée par ses ornements, dorures.. il retrouve sa sobriété pendant les temps de prières. Elles sont à horaires fixes et très fréquentées par la population.


A chaque instant sa surprise, c'est un lundi riche en découvertes.


Au détour d'une ruelle, c'est sur la place des tricoteuses que nous tombons. Des dames âgées devants de petits étals de chaussettes, chaussons, gants, gilets tricotés maison !
Sûrement, un petit moyen pour arrondir les fins de mois. C'est joli, plein de couleurs toutefois un petit pincement s'installe dans le creux du ventre face à cette réalité.




Bérengère nous rejoint, nous échangeons sur la vie ici, les habitudes, les traditions... Puis elle nous emmène visiter le Théâtre des enfants. Nous y trouvons un musée de la marionnette, la journée est sous le signe de la chance car l'auteur de la quasi totalité des marionnettes est là et nous fait visiter son atelier. Il nous transmet un petit bout de sa passion à travers des explications, objets, machines..
Tout le monde reste quoi et nous redevenons des enfants avec les yeux grands écarquillés !

A priori content de cette rencontre ils nous invite à une représentation du «livre de la jungle » le lendemain.


Découvertes gustatives on continue !!

Les heures filent et le ventre commence à pincer à nouveau, cette fois c'est la faim.
Il est 16h30 et en Bosnie c'est encore l'heure de déjeuner. (Le rythme est différent : boisson chaude au levé, petit déjeuner repas vers 10h, déjeuner entre 15 et 17h et pas forcément de dîner le soir.)
Avec Bérengère en guide, nous nous retrouvons chez les spécialistes des pitas. Sortes de feuilletés fourrés avec différentes garnitures.( Fromage, viandes, courgettes, citrouilles..)

   

Suite et fin de notre semaine au bord de la rivière.


Le mardi à l'heure devant le Théâtre, avec Anatole et Téotime, nous attendons impatiemment la séance. Installés au milieu de deux classes, attentifs et émerveillés pas vraiment besoin de comprendre les mots pour passer un bon moment.

Les jours d'après se ressemblent, ateliers cirques les après midi et représentations pour la fée des gouttes le jeudi.

Vendredi nous esquivons les gouttes pour démonter la yourte contrairement à elles qui ne l'ont pas esquivé les jours d'avant.
Résultat, une yourte imbibée à démonter c'est pas d'la rigolade !

Et voilà Slap c'est fini, à nous Sarajevo..mais ça, ce sera au prochain rendez-vous !!

En attendant, en route les enfants !

En bonus : Chapazard sur la télé bosnienne..