De belles gens, du stress, des rencontres, du soulagement
Certaines villes sont difficiles à visiter pour la maman affublée de son
petit dernier pas toujours dans de bonnes dispositions pour
l'accompagner. Ce fût le cas à Venise (heureusement que je connaissais,
et que, 20 ans après, les gondoliers avaient à peine vieilli !..), et
rebelote pour Sarajevo. A part la traversée en bateau ou le voyage en
vieux tramway qui l'ont laissé coi, Téotime a réclamé de rentrer pendant
toute la durée de la balade.
Mais pour ceux qui le connaissent, à la
manière très insistante au point de me faire rentrer avant tout le monde
bien sûr, et oui il a du pouvoir ce petit !
Il faut dire qu'à Sarajevo avec l'arrivée de la neige il a fait
particulièrement froid. Nous avons quand même profité de quelques
escapades dans la vieille ville, très typique avec toutes ses échoppes
en bois.
Capture de pigeon dans le centre de Sarajevo |
1ère neige
Notre départ de la capitale bosnienne a été épique sous la neige,
puisque nous avons été priés de redescendre par 2 policiers postés juste
avant la première grande montée, car nous n'étions pas encore équipés
de chaînes. L'un d'eux était totalement opposé à ce qu'on passe pour
notre sécurité avant tout, mais l'autre a tenté maintes fois de nous
corrompre en nous proposant de lui verser un back-chiche (de moins en
moins élevé à chaque proposition pour les 3 véhicules), en disant qu'on
allait passer sans problème.
1ère glissade
Au final, rien que la redescente vers Sarajevo a été épique, à 10 km / h
avec un bus qui a glissé plusieurs fois. 1ère frayeur qui commence à me
faire penser que ce voyage est aussi une épreuve... Le lendemain nous
étions tous équipés de chaînes, prêts à repartir. Ce fût le début du
stress pré-supposé sur la route vers la Grèce. Lemos (près des lacs de
Prespa) semble si loin, avec plusieurs cols à traverser, et beaucoup de
paramètres inconnus … (le temps, l'état de la route, l'état à venir de
nos véhicules, etc .).
En contrepartie la générosité des bosniens a continué à se faire sentir
pour nous ce jour là : nous nous sommes arrêtés pour 2 nuits sur un
parking juste devant un hôtel à Ilidza (tout au bout de la ligne de
tramway de Sarajevo, pas très loin de l'aéroport). L'accueil que nous a
réservé la gérante a été formidable, elle a pris les enfants sous son
aile en proposant de les garder à certains moments, leur offrant des
petits déjeuners copieux et leur préparant des sandwichs pour la route
au moment du départ.
Entre temps, elle s'est occupée pendant toute la
matinée de nous trouver des chaînes (celles de la taille du bus ne se
faisant pas en Bosnie, cela a pris du temps), puis un ami de son
serveur m'a amenée avec elle au dépôt d'Eurolines où les chaînes pour
les 3 véhicules m'attendaient. Et en même temps, elle s'est également
intéressée à ce qu'on faisait et m'a tout de suite dit que ça
l'intéressait pour l'hôtel… Téotime a du mal à repartir d'ici.
1er bruit suspect
Le lendemain, bien équipés, nous voilà repartis (par le sud cette fois-ci) sur une route très belle, bien ensoleillée et avec très peu de
restes de neiges ; le stress retombe… Pas pour longtemps ! Un petit «
clac » commence à se faire entendre au niveau de la roue avant gauche.
Au début nous croyons que c'est de la neige qui s'est accumulée sur
l'arbre de roue ; mais après avoir tout enlevé, le bruit continue et
s'amplifie.
Je suis contrainte de ralentir tout le convoi, 25 km/h
jusqu'au prochain garage ; verdict en allemand (maintenant je sais
pourquoi j'ai appris l'allemand en première langue, je ne l'ai jamais
parlé mais je le comprends et beaucoup de serbes parlent allemand !) : ce
sont les boulons qui se dévissaient (je sais Hervé, je ne les ai pas
assez contrôlés, et ce n'est pas faute de l'avoir fait et refait dans
les vérifications avec toi !).
Edgar fait des siennes
Le soir, nous dormons sur un parking près d'un garage (c'est bizarre
comme au feeling ça tombe souvent comme ça !..) mais finalement ce
n'est pas grâce au garagiste qu'on a pu démarrer Edgar… qui de nouveau
veut qu'on s'occupe de lui... Lorsque je vais le chercher, il me
répond qu'il ne répare que des voitures (il ne remarque pas qu'Edgar
est un véhicule léger, franchement pour un garagiste !…) Mais Edgar
continue à faire la sourde oreille, et même il ne dit plus rien ; il
faut faire quelque chose ! Les chauffeurs poids lourds s'y connaissent
bien en mécanique (si si, à part moi!), je pars donc avec Téotime sous
le bras (ben oui même si j'ai dit un peu plus haut qu'il avait du
pouvoir dans le mauvais sens sur moi, il en a aussi dans le bon sens
pour nous tous ; il est un bon alibi dans certaines circonstances ! Et
dans ce voyage à l'Est il ne faut négliger aucun avantage).
Nous voilà
donc revenir sur le parking dans un petit bus Eurolines (décidément la
compagnie nous accompagne !) dont le chauffeur parle très bien français
et est un ancien mécanicien. Coup de bol ? En tous cas c'est la première
fois, après avoir posé la question habituelle « Parlez-vous anglais ?
Allemand ? » que quelqu'un me répond « français ». Ah bon. Cool. Il
passe la matinée à négocier avec Edgar et sur les coups de midi nous
voilà repartis…
Nouvel arrêt garage
! Et oui, certains l'auront bien deviné, pas pour longtemps. A partir de
ce moment là Edgar a abdiqué sur les démarrages (une vraie panne de
démarreur), c'est son copain Iveco qui se charge de le tracter ; et le
bus commence à faire des embardées très impressionnantes. Re-stress
(ça faisait longtemps, mais finalement la dose totale est supérieure à
celle prescrite pour un tel voyage…). Je réduis de nouveau la vitesse de
tout le monde et nous nous traînons donc à 50 km/h jusqu'à Skopje où
nous trouvons tout de suite un garage poids lourds.
Cette fois-ci c'est pour 3 jours.
Edgar redémarre dès le lendemain
avec son démarreur tout neuf (ou presque) mais pour le bus c'est plus
grave, il y a une lame d'amortisseur qui est cassée. Et il y a tellement
de corrosion autour de cette zone que le mécanicien ne sais pas où
pourrait s'arrêter le démontage et les réparations. Comprenant mon
désarroi et l'importance de réparer à moindre frais, le chef d'atelier
me promet d'essayer de trouver une solution le lendemain. Il réussit à
dégoter le garage le plus planqué de Skopje, spécialisé dans la
réparation de lames ; incroyable ! Il faudra 2 jours pour changer la
lame, à moindre frais et avec en option le chef d'atelier qui gâte les
enfants pendant tout ce temps, qui nous réserve une chambre dans le
centre et nous y conduit pour la nuit où nous n'avons plus le bus, et
qui regrette le lendemain de ne pouvoir m'accompagner rechercher le bus
parce qu'il est débordé dans son garage (ah bon?).
Avant de repartir toute l'équipe nous demande si on est sûr de vouloir
partir juste avant la nuit, si on ne veut pas un car wash du bus, et
nous demande comment ils vont faire sans nous ici parce qu'on a créé une
ambiance particulière dans le garage et que ça va leur manquer…
Générosité macédonienne
Ah oui, le chef d'atelier m'a aussi demandé si en France un Macédonien
aurait trouvé autant d'aide dans ses démarches pour réparer son véhicule… Et il m'a aussi demandé si 30 € pour la journée passée sur mon bus
pour toutes les petites choses qui avaient été faites dans son garage le
premier jour, ce n'était pas trop pour moi… Vive la générosité macédonienne !!!
Encore une fois, Téotime ne veut pas repartir de cet endroit. Il faut
dire qu'il a été pris à contribution dès le début pour tout : passer le
karcher, conduire un camion, lustrer une voiture… Il s'est fait un
grand copain (Racho) qui l'a lui aussi beaucoup gâté (ballon, bonbons,
etc.).
Question générosité dans ce pays, ce n'est que le début…
Mais cela fera
l'objet d'un autre billet, spécial traversée de la Macédoine, pays qui
vaut vraiment le détour et que nous ne quittons pas facilement...
La minute d'école
Pour terminer ce petit (long) billet de maman (et conductrice, puisqu'il
en aura ici été question), je n'oublie pas de mentionner l'école, qui
a tout de même une belle place dans notre voyage. Pour assurer le
programme de CM1 d'Anatole, il faut être assidu. C'est un travail de
longue haleine ; nous avons reçu les cours très tard, après trois
semaines d'attente à Banja Luka. Du coup, pas tellement le temps de
prendre des week-ends ou des vacances… Le programme est chargé et il
faut assurer ! C'est du temps quotidien pour Anatole, et pour la maman
tout autant de temps de préparation et d'accompagnement… Nous trouvons
peu à peu notre nouveau rythme de voyage qui inclut l'école au
quotidien, au grand désarroi d'Anatole qui se plaint souvent de «rater »
des balades avec le reste de l'équipe ; il a l'impression de passer à
côté de plein de choses…
En conclusion
Eh bien,
c'est une évidence, on avance on avance... Parfois on ne sait repartir
d'un endroit, parfois on ne le peut, parfois on ne le veut... Mais on
finit toujours par y arriver !.. Halloween en Slovénie, noël au nord de
la Grèce, nouvel an à Athènes !!! Mais où serons nous à Pâques ? Bien
sûr, vous le saurez en continuant à suivre nos aventures sur notre blog.
Alors, en route pour de nouvelles aventures, et à tous : de belles
fêtes de fin d'année avec votre âme d'enfant...